La brève histoire d'un métier millénaire
Bruno SAME - écrivain public -
Décembre 2014
Des premiers pas du fonctionnaire d'Etat.
A l'origine, fonction héréditaire qui se transmet de père en fils, l'écrivain public se fait appeler "scribe", c'est-à-dire : celui qui pratique l'écriture. Son activité représente dans l’antiquité le métier le plus noble et le plus honorable exercé dans la société.
Merveilleux héritage qu’il laisse au monde moderne, ses écrits nous permettent de mieux le découvrir à l’époque de l’Égypte ancienne. Son apprentissage dure plus d’une dizaine années et commence dès l’âge de cinq ans. Il est formé par des instructeurs dans un établissement spécialisé appelé « lieu de vie ». Là, il apprend non seulement à lire, écrire, et compter, mais aussi tous les autres objets de connaissance et de la science qui lui seront indispensables dans l’exercice de son métier. Recruté par le Pharaon pour conter ses exploits, il devient très vite un acteur incontournable dans la vie du monarque ; il est le témoin scriptural capital de tout ce qui fait la vie du pays. Il est chargé de gérer les comptes, rédiger les documents officiels, s’occuper des affaires militaires et religieuses, sans oublier de rester au service de la population majoritairement analphabète.
Au fil des âges, pour permettre une meilleure organisation de son métier, il hiérarchise sa fonction en différentes catégories et gratifie les membres de chaque branche par un grade. Ainsi, du novice au directeur, chaque scribe a une mission qui peut être interchangeable à tout moment, lui donnant alors l’occasion d’intervenir dans tous les domaines de la société.
L'émancipation du copiste
Au Moyen-Âge, influencé par des bouleversements géopolitiques et la valorisation de la culture écrite, le scribe se transforme en copiste. Il devient un religieux chargé de copier des textes qui, bien souvent, demeurent inconnus à sa compréhension.
À partir de la fin de cette période, accompagnant la montée en puissance de l’écrit, son travail se laïcise et perd considérablement de la considération qui lui était accordée. L’époque durant laquelle il était l'ami des Pharaons, Rois, Princes et autres gens de la noblesse, était désormais révolue.
Il se consacre, désormais, à recevoir un public plus large dont l’instruction fait défaut. Il s’organise en corporations d’écrivains, fait valoir sa fonction, et devient un artiste dans la rédaction de lettres, textes, requêtes et autres écrits. Son service, bien que injustement sous-rémunéré, lui permet de mettre à la disposition de tous son talent d’écrivain. Pour être reconnu du grand public, il arbore deux ou trois plumes sur son chapeau : deux plumes désignent l'écrivain public et trois désignent un écrivain public qui connaît aussi l’art des mathématiques ou de la comptabilité.
L'écrivain public face au défi de la modernité
De nos jours, malgré l’instruction publique laïque obligatoire, l’écrivain public résiste et continue d’être utile à la population. Il n'est plus seulement destiné aux personnes dites analphabètes ou illettrées, mais son service est aussi prisé par les artistes en quête d'inspiration, les écrivains désireux d'obtenir en avis distant sur leur travail, les hommes politiques pour rédiger leurs discours, les chefs d’entreprise, et bien sûr les particuliers.
Après la validation d'une formation sui generis qui attestera de son aptitude à respecter l'ensemble des règles de syntaxe et d'orthographe, sa mission consiste à écrire, en langage clair et adapté à la circonstance, l'expression de son client. Loin de se limiter au travail de rédaction, la notion de service et le caractère social de son activité est au coeur de son action. Ainsi, il est un interlocuteur attentif aux situations qui lui sont présentées, respectueux du code déontologique de sa profession, et toujours prompt à satisfaire pleinement sa clientèle.
Enfin, grâce au développement des nouvelles technologies, en particulier à l'essor d'Internet, l’écrivain public travaille de plus en plus à distance. Il offre de nouveaux services à tous ceux qui veulent gagner du temps, tout en conservant leur liberté de mouvement.
Les réseaux :
-
L’Académie des Écrivains Publics de France ;
-
Le Groupement des Écrivains Conseil® ;
-
Le Syndicat National des Prestataires et Conseils en Écriture.
Où trouver une formation au métier d'écrivain public ?
-
L’université Sorbonne-Nouvelle et celle de Toulon ;
-
Le Centre National d’Étude à Distance (CNED) ;
-
Le Centre National Privé de Formation à Distance.
Pour en savoir plus, découvrez trois ouvrages qui devraient vous fournir des informations approfondies sur le métier d'écrivain public, ses aspects pratiques, et les témoignages d'écrivains publics qui exercent cette profession :
-
"L'écrivain public : un métier, une passion" par Jean-Louis Cabrespines (Éditions Le Manuscrit, 2008) ;
-
"De plume et de justice : portraits d'écrivains publics" par Anne-Marie Ozanam (Éditions du Seuil, 2010) ;
-
"Métier écrivain public : le guide pratique" par Marie-Christine Grislin (Éditions L'Officina, 2015).
Bibliographie diverse :