Quand un écrivain public change une vie

Imaginez-vous seul(e), écrasé(e) sous une montagne de dettes, chaque courrier vous rappelant la somme vertigineuse que vous devez. C'était le quotidien de Madame V, une agente administrative discrète, habitant une paisible rue de banlieue parisienne. Avec 72 000 euros de dettes, sans avocat pour la défendre, elle se sentait totalement abandonnée.

En 2015, au tout début de mon activité d'écrivain public, nos chemins se sont croisés. J'avais encore peu de clients à cette époque, mais en voyant sa situation, je n'ai pas hésité : je lui ai offert mon aide, avec ce que je pouvais lui apporter, à un tarif symbolique. Pour elle, chaque mot comptait, chaque phrase pouvait être un pas vers la sortie de cette impasse.

Lettre après lettre, réponse après réponse, nous avons affronté les créanciers. Ensemble, nous avons rédigé des courriers percutants, précis, qui peu à peu ont ouvert des portes. Grâce à ces échanges, Madame V a pu obtenir des accords qui lui ont permis de reprendre son souffle, de s’alléger de ce poids qui l’étouffait.

Mais cette relation a été bien plus qu'une simple collaboration professionnelle. Au fil des mois, j'ai vu Madame V reprendre confiance, s’approprier les mots, apprendre à exprimer ses pensées avec clarté et assurance. Mon soutien lui a permis de se relever, mais en retour, elle m'a montré que les mots pouvaient véritablement transformer une vie, même dans les moments les plus sombres.

Aujourd'hui, Madame V est libérée de ses dettes et plus sûre d’elle, et moi, j'ai grandi en tant qu’écrivain public. Cette histoire n’est pas seulement celle de lettres bien rédigées : elle témoigne de la puissance de l’entraide et de l’importance de croire en l'autre.